26.10.2025

Expatriation fiscale Dubaï : comparaison avec l'Andorre

Le terme « expatriation fiscale Dubaï » revient très souvent dans les stratégies d’optimisation patrimoniale ou entrepreneuriale. Les Émirats arabes unis, et Dubaï en particulier, bénéficient d’une image de destination “zéro impôt”. D’un autre côté, l’Andorre est perçue comme une alternative européenne avec une fiscalité douce, une imposition plafonnée à 10 % sur le revenu et 10 % sur les sociétés, et un cadre de vie stable entre France et Espagne. Découvrez les différences entre ces deux juridictions sous l’angle fiscal, réglementaire et pratique, afin de clarifier les enjeux réels d’une expatriation fiscale à Dubaï… et dans quelle mesure l’Andorre peut être une alternative crédible ou complémentaire.


Fiscalité personnelle : Dubaï vs Andorre

La première question posée par les candidats à l’expatriation est simple : “Combien d’impôt faut-il payer sur les revenus personnels ?”. Les deux juridictions ont des approches très attractives, mais pas identiques.

Dubaï : absence d’impôt sur le revenu des personnes physiques

Aux Émirats arabes unis, il n’existe actuellement pas d’impôt sur le revenu des personnes physiques au niveau fédéral ni au niveau de l’Émirat. Les salaires, les revenus personnels et la plupart des gains financiers privés ne sont pas taxés en impôt sur le revenu local. Il n’y a pas non plus de déclaration d’impôt sur le revenu personnel classique pour les particuliers. 

En revanche, la vie quotidienne n’est pas entièrement “hors taxe” :

  • Une TVA (VAT) de 5 % s’applique sur la majorité des biens et services depuis 2018.
  • Certaines catégories de produits (tabac, boissons sucrées, etc.) sont soumises à des taxes spécifiques.

Andorre : impôt sur le revenu plafonné à 10 %

En Andorre, l’impôt sur le revenu des personnes physiques est progressif, avec un plafond à 10 % pour les revenus les plus élevés. Les premiers seuils bénéficient de taux réduits : jusqu’à 24.000 € de revenus annuels, l’impôt peut être nul ; entre environ 24.000 € et 40.000 €, le taux marginal est de 5 % ; au-delà, le taux maximal est de 10 %. Ce schéma fait de l’Andorre l’un des pays à la fiscalité personnelle la plus basse d’Europe, mais ce n’est pas une fiscalité à 0 %.

Lecture comparative

  • Dubaï : pas d’impôt personnel sur les salaires et revenus privés ; TVA à 5 %.
  • Andorre : taux d’IR plafonné à 10 %, pas d’impôt sur la fortune en Andorre, fiscalité globalement modérée ; TVA locale (IGI) à 4,5 %, inférieure à la TVA classique européenne. 

Dans l’absolu, sur le revenu du travail pur, Dubaï reste en dessous d’Andorre (0 % contre jusqu’à 10 %). En revanche, l’Andorre offre une imposition faible tout en restant intégrée au cadre européen, ce qui peut faciliter les échanges avec les pays voisins pour ceux qui conservent des intérêts économiques en Europe.

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Fiscalité des sociétés : implantation d’activité à Dubaï ou en Andorre

Pour les dirigeants d’entreprise, les freelances haut revenu ou les détenteurs de sociétés de services, la fiscalité applicable à la structure juridique est tout aussi déterminante que celle appliquée aux revenus personnels.

Dubaï : un cadre qui évolue

Contrairement à l’idée reçue d’un territoire “sans impôts”, les Émirats arabes unis ont introduit un impôt sur les sociétés au niveau fédéral.

  • Un taux de 9 % s’applique sur les bénéfices dépassant 375.000 AED (environ 100.000 USD). En dessous de ce seuil, le taux est de 0 %.
  • Les grandes multinationales au-delà d’un certain niveau de chiffre d’affaires global entrent dans un régime de taxation minimale à 15 %, conformément aux standards OCDE (global minimum tax). 

Précision importante : les zones franches (“free zones”) à Dubaï peuvent conserver un régime préférentiel, parfois 0 % sur certains revenus, si les conditions locales sont remplies (activité conforme à la licence, opérations principalement dans la zone ou à l’international, pas de “mélange” avec le marché intérieur sans respecter les règles). En pratique, cela signifie que la fiscalité des entreprises à Dubaï n’est plus systématiquement égale à zéro, surtout pour les structures actives sur le marché local ou générant des volumes importants.

Andorre : IS plafonné à 10 %

En Andorre, l’impôt sur les sociétés est plafonné à 10 % sur le bénéfice net, avec la possibilité de régimes réduits ou d’allégements partiels selon l’activité et les premières années. Certaines sociétés exerçant des activités internationales, ou des holdings, peuvent bénéficier d’une imposition effective plus basse dans des cas précis, sous réserve de respecter les critères de substance économique. 

Lecture comparative

  • Dubaï :
    • 0 % jusqu’à 375 000 AED de bénéfices annuels puis 9 % au-delà.
    • 9 % standard pour la plupart des sociétés, sauf régimes particuliers en zone franche.
  • Andorre :
    • 10 % taux plein d’impôt société, parfois réduit pour certaines activités. 

En clair, pour une PME de services ou de conseil à forte marge :

  • Dubaï reste très compétitif tant que la structure respecte les règles locales (licence, substance en zone franche, etc.), avec un taux effectif de 0 à 9 %.
  • Andorre est très lisible : plafond 10 %, dans un cadre stable, sans inflation réglementaire rapide.

Résidence fiscale et exigences de présence

Avoir une société ou un compte bancaire dans un pays ne suffit pas : ce qui détermine où l’on paie l’impôt personnel, c’est la résidence fiscale. Les conditions d’obtention de cette résidence diffèrent nettement entre les Émirats et l’Andorre.

Dubaï : résidence par visa économique

Aux Émirats, l’obtention d’un statut de résident passe généralement par un visa (investisseur, salarié, entrepreneur, “golden visa”, etc.). Ce visa permet de vivre légalement à Dubaï et d’y ouvrir des comptes locaux. La législation fiscale locale n’impose pas d’impôt sur le revenu, et la résidence fiscale personnelle se déduit largement du fait d’être établi à Dubaï et d’y avoir son centre de vie économique.  Cependant, vis-à-vis du pays d’origine, il est souvent nécessaire de démontrer que le centre des intérêts économiques et familiaux a réellement été transféré, afin d’éviter qu’un ancien pays de résidence ne continue de revendiquer l’imposition. Cela implique parfois de réduire les attaches patrimoniales et professionnelles dans le pays quitté.

Andorre : présence physique et centre d’intérêts

En Andorre, la règle classique repose sur le critère des 183 jours : résider plus de la moitié de l’année dans le pays, et y établir son centre d’intérêts économiques, familiaux ou patrimoniaux. Il existe plusieurs régimes de résidence (résidence active pour les personnes qui dirigent une activité locale ; résidence dite “passive” ou “investisseur international” avec exigences de patrimoine et de présence minimale), mais pour être reconnu résident fiscal, l’administration — et surtout les autres États — regardent à la fois la durée de séjour (souvent 183 jours ou plus) et la réalité économique sur place. 

Lecture comparative

  • Dubaï : résidence par visa économique, sans impôt sur le revenu local. Le seuil de jours effectivement passés sur place reste plus souple dans la pratique, mais il faut prouver que la base de vie a réellement basculé.
  • Andorre : résidence fiscale fortement liée à la présence physique (≈183 jours/an) et au centre d’intérêts économiques. 

Le point clé est la reconnaissance internationale : l’Andorre applique des standards européens en matière de transparence et de coopération fiscale. Dubaï évolue aussi rapidement dans ce sens, mais reste parfois perçu comme un lieu d’optimisation à surveiller, ce qui peut déclencher des demandes de justification de la part des administrations fiscales d’origine.

Cadre de vie, proximité géographique et perception réglementaire

Le choix entre Dubaï et l’Andorre n’est pas uniquement fiscal. Il touche également au mode de vie, à la localisation et à la manière dont les autorités étrangères perçoivent la cohérence du changement de résidence.

Localisation et accès

  • Andorre : micro-État des Pyrénées, frontalier avec la France et l’Espagne. Déplacements faciles vers l’Europe de l’Ouest, fuseau horaire européen, continuité culturelle.
  • Dubaï : hub mondial du Golfe, accès aérien direct vers l’Asie, l’Europe, l’Afrique, fuseau horaire intermédiaire, écosystème international très orienté business et services.

Selon le profil, cette géographie compte. Les entrepreneurs dont les clients, partenaires et activités restent majoritairement en Europe peuvent juger l’Andorre plus pratique. Les profils tournés vers l’international (marchés MENA, Asie, Afrique de l’Est, investissement global) privilégient souvent Dubaï.

Perception par les administrations étrangères

  • Andorre est aujourd’hui intégrée dans un cadre de transparence fiscale, avec coopération internationale, conventions de non-double imposition (par exemple avec la France) et échanges d’informations.
  • Les Émirats, dont Dubaï, ont introduit un impôt sur les sociétés, une TVA, et se sont alignés sur l’OCDE pour les multinationales (taux minimal effectif de 15 % pour les très grands groupes). 

Cette évolution rapproche progressivement Dubaï d’un modèle “normalisé” : l’environnement reste fiscalement avantageux, mais il n’est plus perçu comme une zone totalement hors système.

En résumé : expatriation fiscale à Dubaï ou en Andorre ?

L’arbitrage entre Dubaï et Andorre repose sur le profil de l’expatrié, la localisation réelle de son activité économique et la capacité à justifier sa résidence fiscale auprès des autorités de son pays d’origine. Pour un dirigeant ou un indépendant dont les revenus proviennent principalement de son travail, Dubaï demeure l’une des juridictions les plus attractives à l’échelle mondiale. L’absence d’impôt sur le revenu, la simplicité administrative et l’environnement pro-business offrent un cadre particulièrement compétitif pour les professionnels souhaitant optimiser leurs charges et évoluer dans un écosystème international tourné vers les affaires. À l’inverse, pour une entreprise de services ou de conseil cherchant à opérer au sein d’un environnement européen stable, l’Andorre présente un modèle équilibré. Le pays combine une imposition personnelle plafonnée à 10 %, un impôt sur les sociétés limité à 10 % également, et une TVA locale (IGI) de 4,5 %. Cet ensemble s’inscrit dans un cadre réglementaire reconnu à l’échelle internationale, offrant à la fois sécurité juridique et proximité avec les grands marchés européens. Sur le plan strictement fiscal, Dubaï a introduit un impôt sur les sociétés de 9 % au-delà d’un certain seuil de bénéfices, tout en maintenant des régimes préférentiels dans certaines zones franches. Cette évolution s’aligne sur les standards internationaux imposés par l’OCDE et renforce la crédibilité du modèle économique local. L’Andorre, pour sa part, reste fidèle à un impôt sur les sociétés plafonné à 10 %, avec des régimes spécifiques pour certaines activités internationales et une exigence de substance économique clairement définie. En pratique, Dubaï séduit surtout les entrepreneurs ou les cadres qui souhaitent réorganiser leur vie professionnelle à l’échelle mondiale, dans un contexte fiscal quasi nul sur le revenu et au cœur d’un pôle international dynamique. L’Andorre attire plutôt ceux qui recherchent une fiscalité faible mais encadrée, un cadre de vie européen et un ancrage institutionnel reconnu, notamment pour les profils maintenant des liens économiques, familiaux ou patrimoniaux avec l’Union européenne.