21.10.2025

Fiscalité Andorre vs France : ce qu’un expatrié doit vraiment comparer

Quitter la France pour s’installer en Andorre soulève une question clé : quelle différence fiscale concrète au quotidien et pour l’entreprise ? L’Andorre affiche des taux nominaux plus bas et un cadre administratif compact, tandis que la France propose un système plus large et protecteur, mais plus coûteux. Ce guide passe en revue les grands postes (impôt sur le revenu, société, TVA/IGI, cotisations, immobilier, transmission), les règles de résidence, et les points d’attention pour éviter les mauvaises surprises.


Résidence fiscale : où payez-vous vos impôts ?

Avant de parler de taux, verrouillez votre résidence fiscale : c’est elle qui désigne l’État qui impose vos revenus mondiaux (puis la convention répartit et évite les doubles impositions). Retenez deux axes cumulatifs : le temps de présence (seuil usuel des 183 jours sur l’année) et le centre des intérêts vitaux/économiques (logement principal, famille, banque, emploi/entreprise, scolarisation, assurance santé/CASS, vie quotidienne). L’administration regarde un faisceau d’indices cohérents, pas une seule pièce : alignez votre adresse, vos contrats, vos flux bancaires et vos habitudes en Andorre, et documentez tout (bail/acte, factures d’énergie, attestation bancaire, affiliation CASS, billets/trajectoires de voyage). À l’inverse, des attaches fortes en France (famille restée, direction effective exercée depuis le territoire, revenus majoritairement français, enfants scolarisés) peuvent entraîner une requalification côté français malgré une carte de séjour andorrane. En cas de conflit, la convention France–Andorre départage selon une hiérarchie (logement permanent, intérêts vitaux, lieu de séjour habituel, nationalité, puis procédure amiable) et applique des crédits d’impôt plutôt qu’une exonération pure et simple. Moralité : une expatriation fiscale « qui tient » repose sur la cohérence d’ensemble (jours, famille, logement, travail, banque) et une traçabilité irréprochable.

Andorre

Vous êtes en général résident fiscal si vous passez >183 jours/an en Principauté ou si vous y avez le centre de vos intérêts économiques. La résidence administrative (carte de séjour) et la réalité de vie (logement, banque, activité) doivent coïncider.

France

Le foyer fiscal français s’apprécie selon : séjour principal, foyer/ménage, activité principale et centre des intérêts économiques. Même en vivant en Andorre, des attaches fortes en France (famille, direction effective, biens locatifs prépondérants) peuvent entretenir un risque de requalification.

Convention fiscale

Andorre et la France ont signé une convention pour éviter la double imposition. Elle arbitre conflits de résidence, répartition des droits d’imposer (immobilier, dividendes, salaires, pensions, BNC/BIC), et mécanismes de crédit d’impôt. Elle n’annule pas l’impôt : elle coordonne.

Impôt sur le revenu (IRPF vs IRPP) : le cœur de la différence

C’est l’écart le plus visible. En Andorre, l’IRPF est peu progressif avec un plafond bas (≈10 %), des abattements ciblés et une déclaration sobre ; les revenus du capital peuvent être peu imposés voire exonérés selon conditions. En France, l’IR monte jusqu’à 45 % et s’ajoutent des prélèvements sociaux (17,2 %) sur le capital, au milieu d’un maquis d’abattements et de niches qui complexifient sans réduire la pression pour les hauts revenus. Côté indépendants/dirigeants, Andorre permet des schémas simples (salaire + dividendes) si la substance est réelle ; en France, l’arbitrage est vite limité par la charge sociale et fiscale.

Andorre (IRPF)

Barème progressif modéré (taux marginal autour de 10 %), abattements et exonérations partielles selon types de revenus. Les plus-values mobilières et certains dividendes peuvent être faiblement taxés ou exonérés sous conditions (participations, durée, etc.). La déclaration reste sobre et la relation avec l’administration, plus directe.

France (IRPP + prélèvements sociaux)

Barème progressif jusqu’à 45 % (tranches) + prélèvements sociaux sur revenus du capital (17,2 % en principe). Abattements, niches (PEA, Pinel…), quotient familial et crédits d’impôt complexifient le calcul. Résultat : une pression globale plus forte, surtout sur les hauts revenus.

Salariés & indépendants

En Andorre, les indépendants (“autònoms”) et dirigeants peuvent optimiser via rémunération + dividendes dans un cadre simple, à condition de démontrer une substance réelle (activité, locaux, clients). En France, le choix rémunération vs dividendes se heurte aux prélèvements sociaux et à l’IR élevé au-delà de certains seuils.

Impôt sur les sociétés (IS) : 10 % vs 25 %

Pour une société d’exploitation, l’écart est net : Andorre applique un IS facial de 10%, dans un cadre plutôt sobre (peu de surtaxes, obligations centrées sur la substance réelle : locaux, clients, IGI, flux bancaires traçables). France : 25 % au taux normal (avec 15 % sur une tranche PME) et un environnement plus intensif en reports/credits d’impôt (CIR, CII…), utile mais administrativement dense. Concrètement, l’IS andorran libère davantage de trésorerie pour l’investissement ou la distribution ; en France, la pression nominative est plus élevée, partiellement compensée par un écosystème d’aides—à condition d’en supporter la complexité.

Andorre

IS à 10 % (taux facial). Régime lisible, peu de surtaxes, et une comptabilité orientée substance : réelle présence, factures, IGI, clients, flux bancaires. L’image “boîte aux lettres” est proscrite : la banque et l’administration regardent la réalité économique.

France

IS à 25 % (taux normal), avec un petit taux réduit 15 % sur une fraction du bénéfice pour certaines PME sous conditions. La France offre des crédits d’impôt (CIR, CII, métiers d’art, etc.) et des reportings plus denses. Pression nominale plus forte, mais écosystème d’aides riche.

IGI (Andorre) vs TVA (France) : 4,5 % vs 20 % (taux normaux)

La taxe sur la consommation façonne les prix TTC. L’Andorre applique l’IGI (équivalent TVA) avec un taux général de 4,5 %, là où la TVA française standard est à 20 %.

Andorre

IGI standard 4,5 %, taux réduits pour certains biens/services. Effet direct : prix finaux souvent plus bas (hors facteurs d’offre locale). Comptablement, l’IGI reste plus simple.

France

TVA 20 % (normal), taux réduits (10 %, 5,5 %, 2,1 %) pour secteurs spécifiques. La TVA est neutre pour les pros (déductible), mais pèse sur le consommateur final et la trésorerie (collecte vs décaissement).

Cotisations sociales : CASS vs système français

Le coût du travail et la protection sociale ne sont pas comparables. La France couvre large (santé, retraite, chômage…) avec des charges élevées ; l’Andorre est plus légère mais avec un périmètre différent.

Andorre (CASS)

Taux global sensiblement inférieur à la France, répartition employeur/salarié lisible. Pour les autònoms, cotisation forfaitaire indexée, à anticiper dans le business plan. Couverture solide au regard de la taille du pays, complétée par des contrats privés si besoin (dentaire, hospitalisation…).

France

Cotisations élevées, mais prestations étendues (arrêts, maternité, chômage, retraites complémentaires…). Pour un employeur, le coût complet (salaire + charges) est nettement plus haut ; pour un indépendant, l’URSSAF et régimes associés représentent un poste majeur.

Actualite Fiscalite Andorre VS France 1 Actualite Fiscalite Andorre VS France 2

Immobilier, plus-values, taxe foncière : à caler selon votre patrimoine

Demeure en France ? Résidence principale en Andorre ? Investisseur locatif ? La réponse fiscale dépend de la localisation du bien et du statut de résidence.

Andorre

Plus-values immobilières taxées selon la durée de détention (taux décroissants), droits de transmission/achat modérés (ITP/actes). Pas d’IFI local. La détention via société andorrane doit respecter la substance.

France

Plus-values immobilières françaises imposées en France (régime d’abattements dans le temps, exonération RP). IFI sur le patrimoine immobilier net au-delà d’un seuil. Taxes locales et droits de mutation plus élevés qu’en Andorre.

Transmission & donation : philosophies opposées

Un déménagement ne suffit pas à effacer l’empreinte française en cas de donation/succession si des héritiers/biens restent en France.

Andorre

Droits de succession/donation faibles ou nuls dans de nombreux cas (selon lien et localisation des biens). Cadre sobre, mais à articuler avec le droit international privé et les règles de localisation des actifs.

France

Droits de mutation progressifs avec abattements par lien de parenté, donations possibles tous les 15 ans. En présence d’héritiers résidents français ou de biens en France, la fiscalité française peut s’appliquer, même si vous résidez en Andorre.

Comptes bancaires, dividendes, revenus mobiliers : fluidité vs prélèvements

Les revenus financiers constituent un levier d’optimisation si le schéma juridique est cohérent et la résidence bien établie.

Andorre

Fiscalité légère sur dividendes/placements dans plusieurs cas, sous réserve de substance et de conformité CRS/KYC. La relation bancaire demande un dossier solide (origine des fonds, profil, activité).

France

Dividendes, intérêts et plus-values mobilières subissent la flat tax (PFU 30 % en principe) ou l’option barème + PS. Reporting et échange d’informations (CRS) imposent d’être parfaitement à jour.

Cas pratiques : profils d’expatriés et incidences

Trois situations fréquentes pour visualiser l’impact.

Indépendant/consultant solo

Chiffre d’affaires international, peu d’actifs lourds : en Andorre, IS 10 %, IRPF bas et IGI 4,5 % améliorent la rétention de cash. Attention à la substance (locaux/coworking, clients, facturation) et au risque de résidence si missions prolongées en France.

Famille salariée en Andorre

IRPF doux, programmes scolaires avantageux, TVA/IGI favorable au quotidien. Si un bien locatif est gardé en France, revenus fonciers imposés en France (avec crédit d’impôt côté Andorre).

Dirigeant avec société d’exploitation

Arbitrage rémunération/dividendes plus fluide en Andorre. Vigilance sur la direction effective (ne pas piloter de fait depuis la France) et sur la convention fiscale (flux intragroupes, prix de transfert).

Check-list avant de basculer : faire simple, mais carré

La fiscalité andorrane est attractive, mais elle récompense les dossiers cohérents. Mieux vaut préparer que réparer.

À cadrer

  • Résidence réelle : bail, présence >183 j, vie quotidienne basculée.
  • Substance économique : clients, locaux, contrats, IGI, compte bancaire andorran.
  • Cartographie des revenus : salaires, BNC/BIC, dividendes, foncier FR, produits financiers.
  • Immobilier : stratégie RP/locatif, plus-values, IFI potentiel en France.
  • Transmission : testaments, régimes matrimoniaux, anticipation donation.
  • Conformité : échanges CRS, déclarations d’avoirs, attestations de résidence fiscale.

Conclusion Fiscalité Andorre vs France : un différentiel réel si votre vie suit votre adresse

Andorre offre un environnement fiscal léger, lisible, compétitif (IRPF modéré, IS 10 %, IGI 4,5 %), là où la France reste protectrice mais coûteuse (IRPP + prélèvements sociaux, IS 25 %, TVA 20 %, droits de mutation). L’écart se traduit en pouvoir d’investissement et en simplicité administrative. La clé, c’est la cohérence : résider vraiment en Andorre, y loger sa substance et organiser ses actifs pour respecter les conventions. Bien préparée, l’expatriation permet d’additionner qualité de vie et efficience fiscale ; mal cadrée, elle expose à des redressements côté français. Faites-vous accompagner pour cartographier vos flux, puis profitez d’un cadre qui valorise l’activité et sécurise le quotidien.